- 8 juin 2016 - Colombie
PEUT-ON PARLER D'UNE RÉPUBLIQUE INDÉPENDANTE
Pour l’évêque de Tibù, parler de la situation dans le Catatumbo, pour la majeure partie des personnes, signifie parler d’une république indépendante, devenue la place forte des groupes armés illégaux qui se disputent la gestion du trafic de drogue.
Ayant
une position stratégique, elle est dominée par différents groupes armés et maintenant également des bandes criminelles. A cause d'elles, pouvoir entrer ici est presque une prouesse » déclare
Mgr Omar Alberto Sánchez Cubillos, de retour du Catatumbo, sub-région colombienne située dans son diocèse, au nord-est du département de Norte de Santander.
Il anime ainsi depuis 2011 l’un des diocèses qui enregistre le plus grand nombre de conflits sur le territoire colombien et sur le territoire duquel la population vit dans la peur.
Selon le
quotidien "La Opinion", le Catatumbo est un lieu où nombre d’habitants sont marqués, stigmatisés, y compris en tant que victimes. Une partie de son territoire qui a de la coca en abondance a échappé des mains du Président Juan Manuel Santos.
Auparavant, c'était un paradis : pétrole, charbon, forêt, paysages et terre fertile. Mais l’abandon et la carence totale des institutions ont fait croître les cultures illicites. « Les paysans sont peu à peu devenus prisonniers d’une prison aux portes ouvertes » raconte l’évêque. L’évêque souligne que l’argent de la coca est entré partout, mais qu’il n’a certainement pas enrichi les familles du cru.
« Ils ont perdu la culture et la tradition pour faire un travail qui leur permet d’assurer leur subsistance et celle de leurs familles. Aujourd’hui, il ne s’agit pas seulement d’un problème de cultures illicites mais du problème d’une société qui se décompose et transforme les comportements, les valeurs ».
FARC, ELN, EPL, paramilitaires et maintenant bandes criminelles ont soumis les habitants de Catatumbo, lesquels voient maintenant flotter sur leurs territoires les drapeaux de la subversion. « Au Catatumbo, ils ont appris à coexister avec les groupes armés. Il s’agit d’un territoire contrôlé et ceux qui ont le contrôle réglementent également les rapports entre les personnes, les comportements.
Les personnes se sont adaptées à cela parce qu’elles aiment le morceau de terre sur lequel elles se trouvent, parce qu’elles veulent que leur famille ne soit pas touchée, parce qu’elles ont vécu ainsi tant de choses qu’elles n’ont pas l’envie d’affronter qui que ce soit » conclut Mgr Sanchez, indiquant que malheureusement, ici, « la population se limite à survivre ». (source : Fides)
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